Chapitre 2
Lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrait, Lisa entrait dans son espace vital. Kérima. Tout avait commencé dans cette société. Elle avait connu son premier job, ses premiers amis et son premier amour. Elle s’y sentait bien et maintenant que tout le monde l’avait accepté comme grande patronne de l’entreprise tout se passait à merveille. Enfin presque.
« Ah ! C’est vous ! »
Sophie, accompagnée de son assistant et montée sur des stilettos, fonçait droit vers Lisa. Celle-ci se demandait d’ailleurs comment elle arrivait à marcher avec de telles échasses.
- « J’ai failli vous attendre, s’indigna Sophie, à moins que vous ne l’ayez oubliée, nous avons une importante réunion concernant le budget de la nouvelle collection. Malheureusement, et elle regarda avec dépit la jeune femme, c’est vous le patron donc nous ne pouvons rien décider sans vous.
Lisa ne se laissa pas démonter. Elle avait assez survécu ici pour savoir qu’il ne fallait jamais prendre trop à cœur les remarques des autres.
- Bonjour, Sophie. Bien dormie ? » répondit-elle avec toute la gentillesse dont elle était capable. L’intéressé ne répondit pas.
Elles allèrent ensemble à la salle de conférence qui se trouvait à l’étage supérieur où effectivement tout le monde les attendait. Il y avait Maximilien Peterson, le chef du personnel ; Frederik Seidel ancien directeur général de Kérima qui était à présent le conseiller de Lisa ; Bruno Lehmann demi-frère de Lisa et nouveau directeur artistique ; Hugo Haas et Hannah Refrath, les deux stylistes ; Kim Seidel et Renaud Kowalski qui s’occupaient tous les deux des relations publiques en Allemagne et dans le monde entier ; puis les assistants de chacun.
Paul, l’assistant de Lisa, lui amena expressément un café, puis Lisa salua tout le monde et tous se mirent au travail.
La réunion se passa comme à son habitude. Sophie qui dénigrait les efforts de Lisa, Bruno qui fit renverser son café sur la veste de Max, Frederik et Sophie qui s’envoyait des piques, Hugo l’éternel opprimé qui criait au scandale et menaçait de partir, Renaud qui essayait de contenir le styliste ; bref une matinée tout ce qu’il y a de plus ordinaire.
Finalement, le budget de la collection fût tout à fait raisonnable, bien évidemment pas assez pour M. Haas, mais pas exorbitant non plus.
La semaine de la mode avait mis tout le monde à cran, mais les défilés s’étaient bien passés et avaient eu du succès. C’est pourquoi cette année pour la collection printemps été, le budget avait été revu à la hausse.
« - On déjeune ensemble ce midi ? »
Renaud s’était approché de sa femme.
- J’ai réservé pour 12h30. J’ai quelques petites choses à régler. On se rejoint là-bas ? »
Lisa acquiesça.
Ella avait besoin d’air. Elle prit son manteau et alla marcher vers le parc qui était à côté des bureaux.
Elle se dirigea machinalement vers le restaurant. À la porte, une silhouette familière balayait devant la porte. Il était tôt, il n’y avait pas encore de clients.
« - Bonjour Julien !
Lisa s’approcha de lui et ils se firent la bise.
- Hey ! Dis donc tu es en avance. Ça ne fait rien. Va t’asseoir à votre table habituelle, Yvonne va t’apporter la carte. »
Elle entra dans l’espace chaleureux du nouveau restaurant. Son amie d’enfance l’accueillie et la fît asseoir sur une banquette moelleuse en cuir sombre donnant sur le jardin du restaurant.
Le restaurant appelé A la mode (en français) avait ouvert ses portes, il y a un an. Julien Decker, le propriétaire, avait gagné une grosse somme d’argent en boycottant à la Bourse. Avec son amie Yvonne, la femme de Max Peterson, ils avaient décidé d’ouvrir un restaurant chic et cosy dans le quartier des bureaux, à deux pas de Kérima. Grâce au coup de pub que leur faisaient les mannequins qui venaient de chez Kérima, le restaurant était devenu l’endroit incontournable pour le monde de la mode. Son succès était dû à la simplicité de la cuisine mais aussi du personnel. Finis les chichis et les gens coincés. L’ambiance était sympathique, tout le monde y trouvait son compte : une cuisine équilibrée et bio ainsi que des spécialités de Goberitz. Sandwich et caviar faisaient enfin bon ménage.
Renaud ne tarda pas à la rejoindre. Il s’assit en face de Lisa et commanda. Il avait l’air soucieux, et tel qu’elle le connaissait, il voulait lui dire quelque chose d’important. Elle ne s’était pas trompée puisque Renaud, après s’être raclé la gorge, dit :
« - J’ai une nouvelle à t’annoncer.
Ne voyant pas Lisa réagir, il continua.
- Voilà, j’ai décidé d’ouvrir ma propre boîte de relation publique. Avant que tu ne dises quoique se soit, j’y ai bien réfléchi. Je n’ai plus rien de neuf à apporter à Kérima, j’ai fait mon temps et j’ai vraiment envie de changer d’air. Ne t’en fais pour Kim, je l’ai bien formé et je la sens tout à fait capable de prendre ma place. »
Il avait dit tout ça d’une traite. Lisa sourit. C’était bon signe.
« - Tu sais, je trouve que c’est une très bonne idée. Ne t’en fais pas. Pour ce qui est de Kim par contre j’ai quelques réserves, je lui donnerais 2 mois d’essai.
- J’espère que tu te rends bien compte que le fait de créer une entreprise va me prendre beaucoup de temps et je ne serais peut-être pas toujours disponible pour toi.
- Chéri, je suis une grande fille. Je te répète, je ne vois aucun inconvénient. »
Renaud était soulagé. Il craignait que sa femme ne pense qu’il voulait s’éloigner d’elle. Apparemment ça avait l’air de lui convenir.
Aéroport de Francfort
Dans deux heures, il était de retour à Berlin.
David n’avait prévenu personne, même pas Max. Il aimait le sentiment de surprise. Après deux ans d’absence, il se demandait ce qui avait bien pu changé. Max lui avait envoyé les photos des jumeaux qui venaient de naître, et puis ils s’étaient échangé quelques mails de temps en temps. Mais ce n’était pas pareil de parler à son meilleur ami face à face que par mails interposés.
Et puis il pensait à la réaction qu’elle aurait quand elle saura qu’il était de retour. Il l’avait quitté sans vraiment lui donner de raisons, et puis il était parti sans lui dire au revoir.
D’après ce qu’on lui avait dit, elle s’était mariée avec Kowalski peu de temps après son départ. Bizarrement, cette nouvelle ne lui avait rien fait sur le coup. Mais il y pensait de plus en plus souvent comme s’il avait du mal à l’admettre. Elle avait toujours été amoureuse de lui depuis qu’il la connaissait. Alors savoir qu’elle était avec un autre lui donnait un sentiment étrange, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.
Une voix informatisée retentit dans le hall de l’aéroport. David prit le peu de bagage qu’il avait à la main, son énorme valise était maintenant dans le ventre de l’avion. Il espérait qu’elle avait réussi à rester fermée avec tout ce qu’il avait mis dedans. Puis il se rangea dans la file en attendant de monter dans l’appareil.
David Seidel était de retour.
Sujet: Chapitre 2 Verliebt in Berlin 2.0 
Jeu 22 Oct - 17:29